Hommage du colonel (ER) Gilles Lemaire à l'occasion des obsèques de notre camarade Robert ROY le 21 janvier 2022 au funérarium de Nîmes.

Notre camarade Robert est né le 15 juin 1929 à Salins-les-Bains dans le département du Jura, dans une famille de tradition militaire.

C’est en en avril 1952 qu’Il s’engage au Régiment de marche du Tchad et rejoint la maison mère des Troupes de marine à Fréjus pour suivre un peloton de mécanicien-dépanneur du GITdM.

Fréjus, un endroit mythique auquel il restera attaché toute sa vie. Il y reste en formation durant une année.

Début 1953, volontaire pour le bataillon de Corée, il débarque finalement en Indochine, séjour qui marquera profondément son existence. Il y effectue un séjour de deux ans, jusqu’en mars 1955 comme conducteur et pilote d’embarcation fluviale au Groupe mobile n°7, secteur de Thai Binh, dans le delta du Fleuve Rouge en aval d’Hanoï. Là, dans les arroyos, il vit l’aventure qui n’est pas sans rappeler celle du « Crabe-Tambour » que nous connaissons grâce à Pierre Schoendorffer. Il est nommé caporal le 1er avril 1954.

Le 30 juin 1954, conducteur d’un GMC participant à une ouverture de route, son véhicule saute sur une mine. La photo prise alors laisse découvrir un spectacle apocalyptique, son véhicule est pulvérisé. Il est blessé, criblé d’éclats, mais s’en sort miraculeusement. Monte dans l’ambulance qui échappe un peu plus loin encore à une autre explosion.

Le 30 novembre 1954, Il est cité à l’ordre de la division dans d’autres circonstances :

« Sous-officier dévoué et courageux qui s’était fait remarquer comme pilote du bateau Mytho le 10 avril 1954 en ravitaillant de nuit le poste de Dong Cong (Nord Vietnam) et le 12 avril 1954 en y évacuant un blessé, malgré une forte réaction des rebelles qui investissaient ce poste. S’est particulièrement distingué le 30 juin 1954 en assurant les dernières destructions du secteur Thai Binh (Nord Vietnam) et en réussissant à rejoindre les éléments amis malgré une forte embuscade à Hoi Khe au cours de laquelle il a eu une conduite digne d’éloges ».

L’armée française est en train de quitter l’Indochine. Rapatrié vers Marseille, en 1955, il est nommé caporal-chef en juin et est affecté au 23ème RIC, à Miliano-Orléansville, entre Alger et Oran.

Sergent en 1958, il poursuit son séjour dans des services de renseignement jusqu’en 1959, puis quitte l’Algérie directement pour rejoindre le 33èmeRIMa en Guadeloupe durant quatre années. Il y obtient son certificat interarmes en 1961, confirmant son aptitude au grade de sous-officier.

Rapatrié en 1963, il rejoint la 36ème Compagnie de camp à Nîmes où il est nommé sergent-chef en janvier 1965. Il reste dans cette affectation jusqu’en avril 1967, année où, approchant la limite d’âge de son grade, il doit faire valoir ses droits à la retraite après quinze années de service.

Après cette courte mais intense carrière dans l’armée, Robert Roy exerce diverses activités dans la vie civile à Nîmes, à la mairie de Poulx, puis en Guadeloupe pendant treize années, dans une grande entreprise agricole. C’est à Poulx qu’il se retire définitivement pour vivre une vie sobre, marquée par beaucoup d’austérité.

Il aurait pu en rester là. Mais il n’abandonne pas pour autant ses relations avec l’armée et le monde combattant. Pendant trente années il assurera les fonctions de porte-drapeau, en Guadeloupe puis à Nîmes au sein de l’amicale des anciens des Troupes de marine du Gard, amicale affiliée à la FNAOM et à la Fédération Maginot. Son dévouement, sa fidélité à nos trois couleurs pour lesquelles il ne manque aucun rendez-vous, le conduit ainsi à la palme argentée, la plus haute distinction dans la fonction patriotique de porte-drapeau. Il adhère par ailleurs à plusieurs autres associations comme la Section des médaillés militaires, l’Amicale des anciens de la Légion étrangère, celle du RICM, etc.

Sa fidélité aux troupes de marine constitue pour lui un engagement total. Membre du conseil d’administration de l’amicale de Nîmes, il ne manque aucune cérémonie, il est présent à Bazeilles chaque année sur la place jeanne d’Arc, ou à Fréjus pour le congrès annuel, ou encore à l’assemblée générale du Musée des TdM. Il transporte avec sa camionnette personnelle toute l’indispensable logistique des moments festifs de l’amicale : méchoui au Camp des garrigues, rassemblements à santa-Cruz, à la maison de l’Union fédérale des anciens combattants, etc.

Pilier de l’amicale, sa parole porte juste, simple, modeste, joviale souvent, mais avec sagesse et autorité. De caractère abrupt, il fustige aussi l’indélicatesse, le manquement à la parole.

Compte tenu de ses états de service, Robert a été un jeune médaillé militaire.

Il a en outre reçu les distinctions suivantes :

  • Croix de guerre des TOE avec étoile d’argent
  • Médaille coloniale avec agrafe « « Extrême-Orient »
  • Médaille commémorative de l’AFN avec agrafe « Algérie »
  • Médaille commémorative de la campagne d’Indochine
  • Titre de reconnaissance des services rendus à la nation
  • Croix du combattant volontaire avec agrafe « Indochine »

Très récemment, la patrie s’est souvenue de lui et l’a enfin promu dans l’ordre de la légion de la Légion d’honneur. Dans sa 92ème année, il a ainsi reçu, le 14 juillet dernier, des mains du général commandant la 6ème BLB, à Nîmes devant le front des Troupes rassemblées pour la fête nationale, les insignes de chevalier de la légion d’honneur.

Ce moment fut, on le devine un moment de grande émotion.

Mais le temps était compté et Robert n’a pu malheureusement arborer longtemps cette distinction prestigieuse.

Il nous a quittés bien vite, avec la discrétion que nous lui connaissions.

Robert était un vieux soldat, un fils de France, un patriote inflexible, sans doute quelque peu meurtri d’avoir été témoin des derniers feux de l’empire, de la disparition de la plus grande France. Il est un de ces enfants de la patrie sacrifiés au loin, dans l’indifférence de l’opinion quand ce n’est pas aussi dans la traitrise et de la fourberie de certains. Une France que beaucoup ont, aujourd’hui, beaucoup de peine à regarder, où l’on trahit l’histoire, où fleurit le discours antipatriotique. Cela l’inquiétait.

Robert, sa voix impérieuse, sa gouaille résonnent encore parmi nous, avec cet accent Franc-comtois, chantant et rugueux à la fois, que nous lui connaissions. Elle nous dit ce que nous devons entendre.

Nous ne pouvons l’oublier, il restera indéfectiblement dans nos cœurs.

Merci Robert. Repose en paix maintenant, cher camarade.

 

Colonel (er) Gilles LEMAIRE.                                                                                    vendredi 21 janvier 2022

 

 

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