HOMMAGE au Lieutenant-colonel Jean RIGAUD par le Commandant Stéphane MUDOY Président du comité de Villeneuve-Lès-Avignon de la Société des Membres de la Légion d’Honneur.

 

Mon Colonel, Mon cher Jean Tu as vu le jour le 8 décembre 1930 à Marseille, la ville de tes parents. Fils de Marius et de Marguerite, après l’obtention de ton certificat d’étude primaire, tu poursuis tes études en enseignement primaire supérieur jusqu’en première moderne au collège Pierre Puget, rue Paradis, où tu obtiens ton Brevet Elémentaire (BE) puis ton Brevet Élémentaire Primaire Supérieur (BEPS). Désormais étudiant, c’est par correspondance que tu poursuis tes études de Travaux Publics d’Etat auprès de l’Ecole Spéciale des Travaux Publics du Bâtiment et de l’Industrie dirigée par l’ingénieur Léon Eyrolles à Paris.

 Pendant ce temps, tu débutes dans la carrière en tant qu’instituteur au collège libre du Sacré cœur, toujours à Marseille où tu officieras durant 2 années scolaires, de 1948 à 1950.

Reconnu « Bon pour service armé » en novembre 1949, tu es appelé sous les drapeaux le 30 avril 1951. Incorporé au sein du 5ème Régiment du Génie de Versailles pour le bataillon des « travaux lourds », tu ne le sais pas encore, mais cette date marque le début d’une vie de partage, avec l’Arme du Génie, avec Avignon et avec Jacqueline avec qui tu fonderas ta famille quelques années plus tard.

Ton niveau d’études te prédestine aux EOR. Après avoir passé l’examen probatoire, tu pars donc à Angers, à l’Ecole d’Application du Génie où de juin à septembre 1951, tu passeras successivement, Caporal-chef, Sergent, puis Aspirant. Cela te vaut d’obtenir ta première affectation en qualité d’officier le 22 octobre 1951. Tu foules alors le sol de la Caserne Chabran du 7ème RG en Avignon pour la première fois.

La 1ère compagnie du 1er bataillon t’accueille en son sein en tant qu’officier adjoint, chargé de l’instruction. Détaché comme instructeur au peloton d’élèves gradés (PEG) tu y officieras pendant une année le temps que ton service militaire obligatoire prenne fin et que tu passes sous-lieutenant.

 Le 15 octobre 1952, tu embrasses alors ton second temps de service en tant qu’Officier de Réserve en Situation d’Activité. Tu rejoins la 6ème compagnie du 2ème bataillon en décembre 1953 en qualité d’officier adjoint à l’officier adjoint au chef de corps.

 Après être devenu expert dans la mise en œuvre des ponts flottants américains, tu es à compter de juin 1954 le commandant en titre de la 6ème compagnie d’instruction, tes galons neufs de lieutenant fraîchement remis sur tes épaules. Tes fonctions toujours guidées par l’instruction et circulant de postes en postes au sein du 7ème RG, tu passes en candidat libre l’examen de l’Ecole Spéciale Militaire Interarmes, division corps de troupe le 12 juin 1955… à quelques jours de ton mariage avec Jacqueline Allary, cette jeune villeneuvoise que tu épouseras le 24 du même mois.

 Mais l’armée d’active devra encore attendre un peu.

Dès septembre 1955, tu es volontaire pour l’Afrique Française du Nord, et plus particulièrement le Maroc où les événements s’intensifient depuis 1953.

Affecté au premier bataillon du 7ème Génie, destiné à partir en renfort en Tunisie, ta mutation au 31ème RG à Port Lyautey (Maroc) est annulée la veille de ton embarquement à Marseille par ton chef de corps.

Finalement affecté en octobre 1955 à la compagnie de combat du 7, tu es détaché à Libourne au 11ème bataillon de génie pour former la 3ème compagnie qui partira en échelon précurseur au Maroc. Le départ a lieu à la fin de ce même mois via un trajet que tu finiras par bien connaitre : Départ d’Avignon à Marseille par la route, puis embarquement vers Oran, puis train vers Meknès qui sera votre camp de base.

Outre des missions de service d’ordre aux portes de la Medina de Meknès, ton unité se prépare à l’engagement vers la zone opérationnelle Nord : la zone opérationnelle du Rif, la zone rebelle au sein de laquelle le 11ème BG est chargé de rétablir les itinéraires. Tahar Oued Souk, Taza, Fès, Les opérations au Maroc occuperont ta vie professionnelle jusqu’en mars 1957. Tu es notamment cité à l’ordre de la brigade et obtiens la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze le 20 juillet 1956 :

 « Officier animé d’un idéal élevé qui, depuis le 19 novembre 1955 s’est dépensé sans compter dans les régions de THARD-SOUK et TAOUNATE. S’est particulièrement distingué par son sang froid les 28 et 29 décembre 1955 en remettant en état les ponts détruits par les rebelles, malgré les réactions violentes de l’ennemi » et les conditions matérielles défavorables. »

Les permissions et retours en métropole sont rares et bienvenus.

L’année 1957 t’apportera la naissance de Philippe, le paludisme mais aussi un nouvel horizon : l’Algérie. Le Génie y est actif.

 Le 11eme bataillon du génie est chargé de construire la base du Centre Saharien d’Essai des missiles à Reggane, puis celle d’Hamoudia, où, 3 ans plus tard la première bombe atomique française explosera.

Souvent commandant à titre provisoire de ta compagnie, tu épauleras le 14éme régiment de chasseurs parachutistes dans nombre de ses opérations.

 Fin 57, tu es finalement posté à Alger, puis au polygone d’Aouch Adda en banlieue, en tant que, tour à tour, officier d’ordinaire, officier de sécurité et officier trésorier et même juge au Tribunal Permanent des Forces Armées au sein duquel tu participeras à 14 audiences.

 Tu y obtiens enfin l’affectation d’un logement militaire en décembre 1958 et peut faire venir près de toi ta famille.

Arrive 1960 et de nouvelles décisions : fin juin tu passes les épreuves de l’examen permettant de se présenter au stage d’intégration dans  l’armée d’active, avec succès, et en septembre de la même année, c’est le retour en métropole.

 Après un mois de permission à Villeneuve, c’est le départ pour un an au sein de l’école d’application du Génie à Angers. En juin 1961 tu sors des épreuves finales à la 4ème place de ta promotion, 1ere place des ORSA avec une moyenne générale de 14.97/20.

Cela te donne donc le choix de ton affectation… Qui t’est finalement imposée en tant qu’instructeur au sein de l’EAG par le chef de corps.

 Te voici donc Lieutenant d’active au sein de l’Ecole jusqu’à l’été 1963.

A cette date tu es muté au sein du 45eme Bataillon Allégé du Génie de l’Air à Ain El Turck, sur la côte, à l’ouest d’Oran. Ton embarquement sera retardé puisque ce 24 octobre 1963, jour prévu de ton départ, c’est Pierre qui par sa naissance, fera l’actualité. Une semaine plus tard, c’est une « grise » de l’escadron 2/62 Anjou qui t’emmènera outre Méditerranée. Jacqueline et les garçons resteront à Villeneuve.

Tes activités au sein du 45ème BAGA sont multiples : chef de la section transport, officier adjoint, commandant de compagnie, directeur du cercle des sous-officiers. Le bataillon qui a construit, entretenu et réparé bon nombre de pistes d’aviation en Algérie est alors rapatrié en métropole.

C’est Toulouse-Balma et la Base Aérienne 130 qui sera ta nouvelle garnison à compter de l’été 1964.

Cette nouvelle affectation te permet de faire venir ta famille à tes côtés. Ce sera chose faite début septembre 1964. Lorsque le bureau militaire te demandera quelques jours plus tard si tu es toujours volontaire pour servir outre-mer, ta réponse sera sans équivoque : NON ! « Je suis installé depuis seulement 15 jours à Toulouse avec ma famille après une séparation de 10 mois », leurs répondras-tu. A Toulouse,

C’est une fois encore l’instruction qui sera au cœur de tes activités en tant que commandant du groupement éponyme. Nommé capitaine en janvier 1966, tu prends alors les fonctions d’officier INFRA sur la base aérienne 101 de Toulouse-Francazal, puis celles de directeur du foyer.

 Tes activités toulousaines prendront fin en juillet 1968 où tu quitteras les rangs du 45eme BAGA pour la Direction Centrale du Génie à Paris, rue Bellechasse, non loin de l’Assemblée nationale.

Te voici désormais officier d’Etat-major. Le déménagement de Toulouse a lieu en Aout 68. Vous habiterez désormais au 9 rue André Rivoire à Malakoff, au pied du fort de Vanves. Tu prends la direction de la section mutations du bureau officiers de la DCG, et est désigné comme officier de sécurité-suppléant.

 Fin 1973, après avoir été fait chevalier de l’ordre national du mérite aux Invalides, tu apprends ton inscription au tableau d’avancement pour le grade de chef de bataillon. Ce sera pour 1974… Avec certainement une nouvelle mutation à la clef.

 Lorsque l’on est au service des mutations, on a la primeur des informations. Tu apprends donc que la Compagnie d’Instruction du Génie de l’Ardoise (rattachée au 7ème RG d’Avignon) recherche un officier supérieur adjoint au directeur de l’Instruction. Tu ne rates pas cette opportunité de revenir vers les terres familiales et tu y es affecté en septembre 1974.

 Chef de bataillon un mois plus tard, tu occuperas cette fonction jusqu’en juin 1976 où tu es muté au Pontet pour prendre le commandement de l’Organe Mobilisateur du 7, puis 3 mois plus tard, le commandement du camp des Oliviers et de son groupement d’Instruction, ici, à Villeneuve-Lès-Avignon.

 Nommé « conseiller génie » auprès du général commandant la 14ème Division d’Infanterie de Lyon début 1978, ton inscription au tableau d’avancement au grade de Lieutenant-colonel l’année suivante laisse à nouveau présager une prochaine mutation.

 Ce sera donc Lyon au Commandement Régional du Génie de la 5ème Région Militaire à partir de mars 1979.

  Tu passeras LCL en octobre de cette même année, sera fait chevalier de la légion d’honneur en juillet 1980. Tu occuperas les fonctions de chef du bureau Organisation-Effectifs Logistique, d’Officier Sécurité – Prévention, ce qui te donnera l’occasion de côtoyer de près les sapeurs-pompiers de Lyon.

Tu deviendras d’ailleurs Officier de Sécurité Responsable de la Prévention Contre l'Incendie pour la Zone Nord, et délégué régional Hygiène et Sécurité du travail jusqu’à ton départ des forces le 23 avril 1982.

Tu as alors 52 ans dont 25 années passées sous les drapeaux. Cela te donne droit à la jouissance immédiate de ta pension et te place de fait dans le corps des officiers de réserve.

 Le lien avec le Génie se poursuivra donc en tant que réserviste, au gré des périodes et des journées d’instruction en Avignon, à Montpellier ou encore à La Valbonne.

A compter du 1er janvier 1985, changement de vie : tu occupes désormais les fonctions de censeur au lycée technique privé de « La Salle » à Alès. Cette décision t’extrait désormais totalement de la vie militaire. Pour autant, l’instruction et l’enseignement continueront à dicter tes choix puisque tu demeureras en poste au lycée pendant encore 8 années, en tant que censeur puis pendant les deux dernières années de ta carrière, en tant que documentaliste en plus de tes attributions.

Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre national du Mérite, titulaire de la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze, de la croix du combattant, de la croix du combattant volontaire avec agrafe Afrique du nord, de la médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre avec agrafe Maroc et Algérie, de la médaille des opérations d’Afrique du nord, de la médaille de reconnaissance de la nation, tu as su par ton courage, ton sens de l’honneur, ton amour de la France et ton engagement à son service, nous montrer le chemin du désintéressement, du sacrifice et de la fierté d’être Français.

C’est grâce à des hommes, à des soldats de ta trempe que la devise du Génie « Parfois détruire, souvent construire, toujours servir ! » prend parfaitement son sens.

 A ton épouse Jacqueline, tes enfants Philippe et Pierre, ainsi qu’à l’ensemble de ta famille et de tes proches, au nom de tous les membres de la cohorte je présente nos condoléances attristées les plus sincères.

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